L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle elle se destinait, ou encore une profession dont elle ne rêvait pas encore mais qu’elle aurait pu exercer à l’âge adulte, il en résulte un préjudice très important.

Pour ces victimes, c’est non seulement un avenir profondément modifié, le deuil de leurs rêves et de ceux de leurs parents, mais aussi la perte d’une vie entière de revenus. A cause d’un handicap qui les empêche de travailler comme ils l’auraient pu, si un accident n’avait pas brisé leur vie en l’espace d’un instant, ils vont devoir vivre avec des revenus qui n’auront rien de commun avec ce qu’ils (et leur famille) imaginaient.

La réalité des faits

Selon l’« observatoire des inégalités » , entre 15 et 59 ans, une personne handicapée sur quatre (25,5 %) vit sous le seuil de pauvreté contre 14,4 % des valides.

« Les personnes qui souffrent d’un handicap dès leur jeunesse, ou au cours de leur carrière professionnelle, subissent des conséquences économiques plus graves que ceux qui rencontrent des limitations en raison du vieillissement : les handicapés d’âge actif connaissent des difficultés d’intégration dans le monde du travail en raison de leurs déficiences physiques ou mentales, mais aussi de leur parcours scolaire rendu plus difficile. Seules 17 % des personnes handicapées d’âge actif ont un diplôme supérieur au baccalauréat en 2018 (contre 34 % de l’ensemble de la population du même âge) et 41 % travaillent, contre 66 % de l’ensemble des adultes d’âge actif. Lorsqu’elles travaillent, les personnes handicapées sont plus souvent ouvrières et à temps partiel ».

Un autre article de l’Observatoire des inégalités insiste sur le fait que le handicap expose à la pauvreté et aux bas niveaux de vie.

des handicapés en fauteuil roulant dans un club de sport

Cette statistique ne tient pas compte non plus de toutes les dépenses supplémentaires auxquelles font face les personnes gravement accidentées.

Les progrès en matière d’indemnisation font que certaines de ces dépenses sont compensées par des indemnités (logement aménagé, matériels spécialisés, aide humaine) et les assurances (hélas pas toutes) ont fait de grand progrès dans ce domaine, mettant en œuvre des techniques fines d’évaluation, fondées sur des exemples très concrets de dépenses.

Malgré tout, rien ne viendra compenser avec exactitude les dépenses supplémentaires que va exposer une personne gravement accidentée pour partir seule en vacances, pour se rendre au spectacle, ou pour réaliser un projet occasionnel quel qu’il soit.  Car ces dépenses sont imprévisibles et ne rentrent dans aucune « case ».

une personne en fauteuil roulant au travail dans un bureau

La perte de gains professionnels futurs

Le poste « perte de gains professionnels futurs » est donc extrêmement important car si l’on cantonne la victime à un revenu trop juste, elle ne pourra jamais faire aucune économie ni aucun achat et ne pourra se borner qu’à faire face à ses dépenses essentielles.

La manière dont sont indemnisées les jeunes victimes au titre de leurs pertes de gains professionnels futurs participe, sans doute encore en partie, à cette paupérisation des personnes handicapées à la suite d’un accident grave. C’est donc un sujet qui mérite une réflexion et une attention accrues.

Dans la nomenclature des postes de préjudice indemnisables lors d’une procédure d’accident, la « perte de gains professionnels futurs » est ainsi définie :

« Il s’agit ici d’indemniser la victime de la perte ou de la diminution de ses revenus consécutive à l’incapacité permanente à laquelle elle est désormais confrontée dans la sphère professionnelle à la suite du dommage.

 Il s’agit d’indemniser une invalidité spécifique partielle ou totale qui entraîne une perte  ou une diminution directe de ses revenus professionnels futurs à compter de la date de consolidation. Cette perte ou diminution des gains professionnels peut provenir soit de la perte de son emploi par la victime, soit de l’obligation pour celle-ci d’exercer un emploi à temps partiel à la suite du dommage consolidé. Ce poste n’englobe pas les frais de reclassement professionnel, de formation ou de changement de poste qui ne sont que des conséquences indirectes du   dommage. En outre, concernant les jeunes victimes ne percevant pas à la date du dommage de gains professionnels, il conviendra de prendre en compte pour l’avenir la privation de ressources professionnelles engendrée par le dommage en se référant à une indemnisation par estimation ».

un homme retourne ses poches de pantalon qui sont complètement vides

Rien ou alors le SMIC ?

Lorsque la victime est très jeune, les compagnies d’assurances font parfois valoir qu’on ne sait pas quel métier elle aurait pu exercer, et soutiennent très souvent que le préjudice est aléatoire et qu’en indemnisant une perte de gains, on améliore le sort de la victime au lieu de le réparer. Les compagnies décident alors soit de ne pas indemniser, soit dans le meilleur des cas d’’indemniser en se basant sur le SMIC.

Le refus total d’indemnisation ne semble pourtant plus être un point de vue  tenable depuis un arrêt de la Cour de Cassation du 25 juin 2015 . L’assurance soutenait « qu’il ne peut être fait droit à une demande d’indemnisation d’un événement futur favorable qu’à la condition que cet événement ne soit pas simplement virtuel et hypothétique » et que rien ne donnait la certitude que la jeune accidentée, en l’absence d’accident, aurait travaillé une fois arrivée à l’âge adulte.

La Cour de Cassation n’a pas été de cet avis et décidait  :

« s’agissant des pertes de gains futurs, si l’expert judiciaire a effectivement conclu que Madame X. ne subissait pas un retentissement professionnel ou scolaire puisqu’elle n’exerçait à l’époque des faits aucune activité professionnelle ou estudiantine, les jeunes victimes ne percevant pas à la date du dommage de gains professionnels, il est évident qu’à 18 ans, celle-ci n’était pas destinée à rester inactive toute sa vie et qu’elle pouvait au moins prétendre à un salaire équivalent au SMIC, qu’elle était une bonne élève […] il résulte qu’elle avait un potentiel et qu’elle pouvait prétendre à un emploi rémunéré […] la cour n’a pas réparé un préjudice virtuel et hypothétique en allouant à Madame X. une indemnité ….. »

Cette décision confirmait un arrêt de la Cour d’Appel de Rennes, 2 juillet 2014, qui avait retenu le SMIC comme référence.

Il ne faut donc en aucun cas accepter que ce poste ne soit pas indemnisé au motif que la victime est très jeune lors de l’accident.

un dessin représentant les courbes du salaire médian et du salaire moyen en France

Salaire médian ou salaire moyen

La référence au SMIC, quant à elle, est peu à peu abandonnée au profit, dans de nombreux cas, des notions de salaire médian et de salaire moyen.  On ne peut plus tenir pour acquis que toute personne accidentée n’aurait nécessairement gagné que le SMIC si elle n’avait pas été accidentée. Ce serait la condamner à la pauvreté sans tenir compte de ses capacités, et indemniser finalement toutes les victimes en fonction d’un barême unique : tout le monde au SMIC ( !).

Les Cours d’Appel vont surtout utiliser les notions de salaire « médian » et de salaire « moyen ».

Le salaire médian est ainsi calculé : On sépare l’ensemble des travailleurs en deux groupes égaux : la moitié d’entre eux gagne moins que le salaire médian, tandis que l’autre moitié gagne plus. Cet indicateur n’est plus réellement fiable car d’une part les variations sont importantes en fonction de l’âge, d’autre part la part de la population dont les salaires sont bas, pour diverses raisons, a augmenté, ainsi que son pouvoir d’achat (source INSEE ).

Le salaire moyen est la moyenne des salaires de toute la population. C’est une référence plus fiable  Le salaire moyen en 2020 dans le secteur privé des services aux entreprises était de 2570EUR mensuels Il était de 3540EUR pour les services mixtes, et de 2520EUR tout confondu. (source INSEE).

Les décisions des Tribunaux

Pour une victime de 6 ans, une Cour d’Appel se fait sanctionner d’avoir retenu le SMIC « sans expliquer pourquoi elle présumait que la profession à laquelle la victime pouvait accéder ne lui aurait pas procuré des revenus supérieurs au SMIC » . Elle sera alors indemnisée en fonction du salaire médian (Cour de Cassation, Chambre Civile 2, inédit publié sur LegiFrance).

Selon les Cours d’Appel, mais aussi selon les arguments des parties, on va arriver à faire retenir le salaire médian (moins favorable) ou le salaire moyen, mais il est possible aussi de faire retenir d’autres modes de calcul plus favorables. Toutefois cela demandera une argumentation particulièrement charpentée. Il n’y a pas d’unité entre les décisions de Cours d’Appel et tout dossier devra être fortement argumenté pour convaincre.

Déjà en 2010, la Cour d’Appel de REIMS avait statué sur le cas d’un enfant accidenté à l’âge de 2 ans (REIMS 13 septembre 2010 09/01613 chambre 1 publié sur le site DOCTRINE). Elle avait jugé que compte tenu du cursus scolaire et professionnel de la famille, il ne fallait pas retenir le SMIC mais le salaire médian, qui à l’époque représentait un indicateur fiable.

La Cour d’Appel de REIMS en 2023 continue de retenir le salaire médian (CA REIMS chambre 1, 27 janvier 2023 N° 22/01266). A noter que dans cette affaire traitée par LEKTOS (victime accidentée à 14 ans), le tribunal, convaincu par l’assurance qui soutenait qu’il n’y avait pas vraiment de préjudice, avait alloué 20.000€ forfaitaires, tandis que la Cour  d’Appel fait droit à une demande de 814.798€.

Attention, la totalité du futur salaire « perdu » ne sera pas retenu en entier si la victime est encore susceptible de travailler, et on lui allouera alors la différence entre le revenu net moyen français auquel elle aurait pu prétendre, et sa capacité effective de gains. (Cour de cassation, civile, Chambre civile 2, 14 octobre 2021, 20-13.537, Inédit publié sur LegiFrance).

Cette différence peut être considérable en fonction des bases de calcul retenues. Ainsi le tribunal judiciaire de ROUEN, lui, dans une autre affaire traitée par LEKTOS (jugement définitif) calcule la perte de gains futurs en fonction du salaire moyen des Français, soit 2530€ mensuels.  La jeune victime polytraumatisée de 17 ans, qui a lutté pour trouver un travail malgré tout, n’a perdu (selon le tribunal) que 60% de ses chances de travailler. Mais du fait que la référence est le salaire moyen, elle obtient une indemnisation plutôt favorable de 1.334.012,30€, en compensation de sa perte de gains futurs (TJ Rouen 27 mars 2024).

Conclusion

On voit ainsi que chaque cas est unique et qu’il faut se garder de schématiser. Il reste encore un champ infini d’argumentations pour obtenir la réparation la plus exacte et la plus juste possible de la perte de revenus futurs, en fonction d’éléments qui sont personnels à chaque victime.  Chaque cas doit faire l’objet d’une étude minutieuse, en se gardant de laisser de côté l’humain et les meilleures solutions possibles pour l’avenir d’une jeune victime.

LEKTOS AVOCATS

D’autres articles …

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle...
une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

Votre véhicule a été volé ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …

une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ? La Cour de Cassation répond OUI

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques,...
un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise. Il avait été licencié...
Les possibilités du crédit-bail : immobilier, voiture etc...

Le crédit-bail est caduc en cas de résolution de la vente

Par un arrêt rendu en Chambre Mixte le 13 avril 2018, la Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, quant au sort du...
une main prend un immeuble pour indiquer la préemption

Fin (provisoire ?) du Droit de préemption de la commune

Lorsqu’un immeuble est divisé en lots pour être vendu, le locataire bénéficie d’un "droit de préemption" pour acheter le bien par rapport...

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Votre véhicule a été volé  ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …

En cas de sinistre, vous devez déclarer de manière très exacte les circonstances du sinistre. La plupart du temps, votre contrat d’assurance contient une clause libellée à peu près ainsi :

« si le souscripteur ou l’assuré ou l’ayant droit de l’un ou de l’autre fait volontairement de fausses déclarations sur la nature, les causes, les circonstances ou conséquences du sinistre ou sur l’existence d’autres assurances pouvant garantir le sinistre, il est entièrement déchu de tout droit à garantie pour ce sinistre »

C’est surtout le cas de vol qui est à l’origine des contentieux les plus nombreux.

La déclaration du sinistre

La déclaration du sinistre doit être exacte.

Car si votre déclaration est volontairement inexacte, vous ne serez pas indemnisé. Votre contrat d’assurance ne sera pas annulé, mais vous ne serez pas remboursé de la valeur de votre véhicule.

Or les assurances mettent à la charge des assurés des déclarations de plus en plus complexes, en exigeant de plus en plus de documents et de précisions.

Il vous sera presque systématiquement demandé, par exemple

  • Les circonstances très exactes du vol (très difficiles à formuler quand vous avez laissé votre voiture quelques jours au même endroit et ne l’avez plus retrouvée….)
  • Combien vous aviez de clés de votre véhicule avant/après le vol
  • Le prix d’achat de votre voiture, et comment vous l’avez payé
  • Le kilométrage de votre véhicule au moment du vol.

Quelques exceptions

Pour autant ces obligations ne vous sont pas opposables dans certains cas.

Par exemple si vous n’avez pas signé les conditions générales, ou encore si vous avez signé des conditions particulières mais qu’il manque le renvoi aux conditions générales (« l’assuré reconnait avoir reçu un exemplaire des conditions générales numéro XXXYYYYZZ »).

Et attention aux « millésimes » des conditions générales !

S’il manque quelque chose, on ne peut pas vous opposer une déchéance selon la Jurisprudence de la Cour de Cassation Civile du 15 septembre 2022.

Un avocat rompu au Droit des assurances vous sera précieux pour invoquer de tels moyens, qui sont assez complexes.

Si vos obligations ont bien été correctement stipulées, et bien qu’elles paraissent exagérées au moment où votre véhicule vient de vous être volé, sachez qu’elles sont parfaitement légales.

une femme se frappe le front avec la paume de sa main d'un air contrarié

Les erreurs à ne pas faire

Ne cherchez pas, par exemple, à surévaluer le prix d’achat de votre véhicule, ou à refuser de communiquer la facture. Cela peut se retourner contre vous.

Une décision bien sévère du tribunal judiciaire de Nanterre le 23 septembre 2011 énonce que :

« Par application de l’article 1134 du code civil, il est tenu à une obligation de loyauté dans l’exécution du contrat qu’il a conclu avec la société NEXX ASSURANCE, ce qui doit l’amener à faire une déclaration sincère et exacte de son préjudice, et par application de l’article 1315 du même code, il a la charge de prouver que la valeur de son véhicule volé (non retrouvé) correspond bien à la somme qu’il a déclarée. Il doit par conséquent précisément démontrer quelle est sa valeur d’achat, base de l’évaluation de l’indemnité d’assurance au bénéfice de laquelle il prétend, preuve en principe aisée à rapporter.” 

Cette décision a été confirmée par la Cour d’Appel de VERSAILLES le 14 novembre 2013.

N’oubliez pas non plus les doubles de clés que vous avez fait faire pour vos enfants ou pour votre beau-frère …..

Des preuves nécessaires

Pour autant, l’assurance devra prouver que vous avez volontairement fait une déclaration inexacte. Une simple erreur ne sera pas sanctionnée.

On vous pardonnera par exemple de ne plus retrouver votre facture ou votre contrat de vente si vous avez déménagé et divorcé (Cour d’Appel de Paris, 1er septembre 2015).

Si vous ne déclarez pas le kilométrage exact lors de la déclaration de vol, là encore il faudra prouver votre mauvaise foi pour vous déchoir de la garantie. Des erreurs trop importantes ne sont pas admises, elles laissent penser que vous voulez vous faire rembourser un véhicule presque neuf alors que vous savez qu’il avait un kilométrage important. Par contre on admettra qu’une différence de quelques milliers de kilomètres peut être une simple erreur, qui ne vous expose pas à une déchéance (Cour de cassation, 2ème Chambre Civile, 5 juillet 2018, n° 17-20.488) .

Conclusion

Enfin, ces dernières années, les compagnies d’assurances sont devenues de plus en plus vigilantes pour savoir comment vous avez payé votre voiture lors de son achat. Elles vous demandaient la preuve de tous les mouvements de fond (virement, chèque, espèces). Le prétexte : la lutte contre le blanchiment de capitaux.

Mais les tribunaux semblent ne plus admettre que cela puisse avoir pour effet une déchéance de garantie. La Cour d’Appel de Lyon a renvoyé la GMF dans ses buts en rappelant que la vente d’un véhicule d’occasion n’est pas soumise à l’art 561-10-2 du code monétaire et financier et que la provenance des fonds importait peu (voir aussi la Cour d’Appel de Paris le 1er mars 2022).

Ce n’est que dans des cas où la déclaration de l’assuré est particulièrement embrouillée concernant l’achat de son véhicule, son kilométrage, son financement, que l’on va douter de sa bonne foi.

Il reste qu’il faut rédiger sa déclaration de sinistre en essayant de ne rien oublier et de ne surtout pas la faire varier dans les jours qui suivent. Mieux vaut déclarer avec 24H de retard que de revenir sur une déclaration mal faite.

Les procédures se multiplient particulièrement pour les cas de vols de véhicule et il est important de bien connaître le Droit des assurances, pour se faire indemniser et surtout pour évaluer d’emblée et rapidement quelles sont les chances de succès de votre demande.

Catherine Marie KLINGLER
Avocat au Barreau de Paris

D’autres articles …

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle...
une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

Votre véhicule a été volé ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …
une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ? La Cour de Cassation répond OUI

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques,...
un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise. Il avait été licencié...
Les possibilités du crédit-bail : immobilier, voiture etc...

Le crédit-bail est caduc en cas de résolution de la vente

Par un arrêt rendu en Chambre Mixte le 13 avril 2018, la Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, quant au sort du...
une main prend un immeuble pour indiquer la préemption

Fin (provisoire ?) du Droit de préemption de la commune

Lorsqu’un immeuble est divisé en lots pour être vendu, le locataire bénéficie d’un "droit de préemption" pour acheter le bien par rapport...

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ?

OUI, répond la Cour de Cassation dans un arrêt très remarqué (Assemblée plénière) du 22 décembre 2023, à condition que cet enregistrement soit indispensable à l’employeur pour se défendre (Cour de Cassation, Assemblée plénière, 22 décembre 2023, 20-20.648, Publié au bulletin).

 

Rappel des Jurisprudences

,Alors que la Cour d’Appel d’Orléans avait déclaré cet enregistrement irrecevable (rappelons qu’enregistrer une personne à son insu est une infraction pénale punie par l’article 226-1 du Code pénal), la Cour de Cassation censure la Cour d’appel et admet que l’employeur puisse démontrer la faute grave du salarié par un enregistrement sonore réalisé à son insu.

Si l’on est habitué à ce qu’en matière pénale, les enregistrements illicites soient admis comme mode de preuve, en matière de Droit du travail, la solution est plus originale, puisque les intérêts en présence sont ceux de deux personnes de Droit privé.

Dans deux arrêts anciens (Cassation, Chambre sociale 23 mai 2007 06-43209 et Cassation Assemblée plénière 7 janvier 2011 09-14.316 09-14.667), la même Cour de Cassation avait jugé que le salarié ne pouvait pas utiliser un enregistrement de son employeur réalisé à son insu.

Le 10 novembre 2021, la même chambre sociale (Cassation, Chambre sociale 10 novembre 2021 20-12263) avait jugé qu’il n’était pas possible d’utiliser, pour licencier une salariée et pour prouver les fautes qu’elle avait commises, des enregistrements vidéo.

La raison en était que le système vidéo avait été installé pour surveiller les vols dans une pharmacie, mais les salariés n’avaient pas été informés de ce que cela pouvait aussi être utilisé pour les surveiller.

 

Le principe de proportionnalité

Sous l’influence du Droit européen et des « principes généraux », il est désormais admis que les juges peuvent écarter une loi, un texte règlementaire, une règle quelconque, si cela porte atteinte au « principe de proportionnalité ».

Avant de décider d’écarter une règle, ils doivent vérifier que la règle invoquée

  • Est adaptée au but recherché
  • Est nécessaire au but recherché
  • N’impose pas à l’individu une contrainte excessive par rapport à l’objectif à atteindre.

Et s’ils considèrent que les conditions ci-dessus ne sont pas remplies, alors ils peuvent écarter cette règle dans un cas précis.

Dans notre cas, la Cour de Cassation, dans son arrêt du 22 décembre 2023, se montre très pédagogique.  La règle de l’interdiction d’enregistrer une personne à son insu peut être écartée :

  • Parce que l’enregistrement était indispensable pour la défense de celui qui utilise cette preuve, c’est-à-dire qu’il ne disposait d’aucune autre preuve et ne pouvait donc pas se défendre
  • Et parce que l’atteinte que cela porte aux droits de l’autre partie (le salarié) est « proportionnée » au but poursuivi (prouver un licenciement pour faute grave).

La limite

Une limite tout de même : il ne faut pas avoir obtenu cette preuve par un « stratagème », autrement dit avoir tendu sciemment un piège. Cette idée repose « sur la considération que la justice doit être rendue loyalement au vu de preuves recueillies et produites d’une manière qui ne porte pas atteinte à sa dignité et à sa crédibilité ». C’est la dignité et la crédibilité de la Justice qui sont ici en cause. Le rappel est salutaire.

Sous ces limites, le contrôle de « proportionnalité » est exercé par le juge et renforce le pouvoir des tribunaux. Il va permettre au juge d’écarter une règle générale et impersonnelle : une loi, un texte réglementaire, c’est-à-dire une règle bien précise.  Le juge pourra décider de ne pas tenir compte de cette règle, en fonction d’une appréciation qui, il faut bien l’admettre, laisse la place à une certaine subjectivité.

Le risque d’une rupture d’égalité entre les justiciables est tangible puisqu’une même règle, en vertu du principe de proportionnalité, pourra être écartée dans un litige et ne pas être écartée dans un autre.

Conclusion

Il faut bien le dire, le contrôle de proportionnalité séduit. Il est de plus en plus souvent « mis à toutes les sauces ».  A la Cour de Cassation d’en poser les limites et de mettre en place un système cohérent.

Cet arrêt récent est un revirement de jurisprudence. Mais sa grande qualité de rédaction permet de mieux comprendre le principe et son intérêt, et de s’en inspirer, que ce soit pour la défense d’un employeur ou d’un salarié.

LEKTOS AVOCATS

D’autres articles …

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle...
une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

Votre véhicule a été volé ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …

une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ? La Cour de Cassation répond OUI

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques,...
un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise. Il avait été licencié...
Les possibilités du crédit-bail : immobilier, voiture etc...

Le crédit-bail est caduc en cas de résolution de la vente

Par un arrêt rendu en Chambre Mixte le 13 avril 2018, la Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, quant au sort du...
une main prend un immeuble pour indiquer la préemption

Fin (provisoire ?) du Droit de préemption de la commune

Lorsqu’un immeuble est divisé en lots pour être vendu, le locataire bénéficie d’un "droit de préemption" pour acheter le bien par rapport...

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques, télésurveillance, site web.

Un commercial   d’une société vous démarche et vous fait une offre de prix pour la livraison et l’installation du matériel choisi, en faisant valoir qu’eu égard au coût et à la spécificité de l’entretien et de la maintenance des matériels (remplacement des consommables) ainsi que de leur rapide obsolescence, il est préférable de recourir à la location, plutôt qu’à l’achat.

SOYEZ VIGILANTS, s’il vous est proposé de souscrire une location financière.

La location financière

Qu’est-ce que la location financière ?

La location financière est une opération par laquelle une société de financement met en location un bien mobilier (matériel, informatique, copieur, etc) dont elle est devenue propriétaire, à la demande du locataire.

Elle suppose la conclusion de deux contrats.

Il vous est ainsi proposé de signer, avec la société de bureautique, une commande de matériel en location dont le règlement est prévu par une société de financement, accolé à un contrat de service pour la maintenance.

Vous signez un autre contrat avec la société de financement, contrat de location de longue durée sans option d’achat, dans lequel il est précisé que le fournisseur du matériel loué est la société bureautique.

Les conditions financières auxquelles la société de financement est devenue propriétaire du matériel fourni par la société de bureautique vous resteront évidemment inconnues.

Il ne s’agit pas d’une LAO ou leasing, location avec option d’achat qui est très réglementée et ne peut être proposée que par une banque ou un établissement de crédit, mais d’une location financière, très en vogue chez les fournisseurs de matériel, parce que très lucrative.

L’astuce de ces contrats

L’astuce est de faire signer au client un contrat sur 63 mois soit 5 ans plus le délai de préavis de 3 mois, pour éviter la tacite reconduction du contrat, puis de revenir vers le client tous les deux ans avant l’échéance, pour lui renouveler le matériel pour du matériel prétendûment plus performant, dont la location repart alors sur 63 mois.

Sauf que le locataire, sans vraiment s’en rendre compte, va s’éloigner de la réalité des prix pratiqués par la concurrence, car le fournisseur ne va pas manquer d’offrir généreusement un an de location sous forme d’aide au financement avec un chèque ou un rachat des années à échoir auprès de la société de financement.

Il va ainsi, se retrouver quelques années après, avec des mensualités qui ont doublé en cinq ans, pour un matériel dont la valeur est sans commune mesure avec le coût exorbitant de la location.

Un photocopieur professionnel d’une valeur de 5 000€ peut ainsi coûter 20 000€ au bout de 63 mois (soit des mensualités de 317€ avec les frais d’assurance du financement).

il est vrai que la location financière, en assurant le financement intégral du matériel, permet aux professionnels de sauvegarder leur trésorerie et les loyers constituent des charges déductibles à 100%.

Le coût exorbitant

Cependant son coût est nettement supérieur à celui engendré par un prêt bancaire, et du fait des taux d’intérêts bas pratiqués actuellement par les banques, il peut être judicieux et plus économique de comparer avec  le coût d’un prêt bancaire classique sur le matériel, qui restera en outre votre propriété.

En effet dans le cadre de la location financière, vous devrez en fin de contrat, restituer le matériel (qui peut être volumineux) à vos frais, et encore à la condition d’avoir pensé, dans le délai de préavis prévu par le contrat (3 mois en général) à faire échec à la tacite reconduction du contrat.

Beaucoup de professionnels oublient ainsi de mettre un terme aux contrats à l’échéance car ils ne bénéficient pas, en tant que professionnels, de la législation protectrice du Code de la Consommation qui oblige tout professionnel prestataire de service qui a conclu un contrat avec un consommateur ou un non-professionnel, comportant une clause de reconduction tacite, de l’informer par écrit, avant l’arrivée du terme, de la possibilité de ne pas reconduire le contrat.(Art L215-1 Code Consommation).

Surtout, ces contrats : location financière /Prestations de service ont généré un important contentieux sur deux points essentiels :

  • l’indépendance des contrats en cas de résolution/résiliation de l’un des deux 
  • le coût exorbitant pour en sortir.

Les décisions de Justice

La Cour de Cassation par deux arrêts du 17 mai 2013 (voir notamment l’Arrêt de la Chambre mixte)  a consacré l’interdépendance des contrats, en dépit des clauses contraires.

Ces décisions (confirmées depuis lors par de nombreuses autres plus récentes) constituent une grande avancée. Désormais la résolution de l’un des contrats entraîne la résolution de l’autre contrat.

Les nouveaux articles 1186 et 1187 du code civil reprennent cette solution.

Pourtant, les sociétés de bureautique et de financement continuent d’insérer dans leurs contrats, des clauses d’indépendance, régulièrement réputées non écrites par les Tribunaux.

Pour sortir du contrat, les sociétés de bureautique vous demandent une indemnité de résiliation égale à la totalité des loyers restant à courir, et une pénalité de 10%.

L’indemnité de résiliation anticipée peut être revue à la baisse, soit en arguant que c’est une clause pénale (que le juge a le pouvoir de réduire – lire l’Arrêt de la Cour de Cassation du 30 novembre 2010 ), soit en utilisant le Droit économique ou les nouvelles dispositions du code civil relatives au « déséquilibre significatif » .

Ces solutions sont déjà consacrées par la Commission d’Examen des Pratiques Commerciales et par les juridictions du fond , comme en témoigne l’Arrêt de la Cour d’Appel de Versailles du 23 juin 2016

Même si la question reste complexe, il ne faut donc pas hésiter à remettre en cause les contrats de location financière déséquilibrés.

 

Pascale PIGNOT
Avocat au Barreau de Paris

D’autres articles …

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle...
une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

Votre véhicule a été volé ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …

une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ? La Cour de Cassation répond OUI

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques,...
un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise. Il avait été licencié...
Les possibilités du crédit-bail : immobilier, voiture etc...

Le crédit-bail est caduc en cas de résolution de la vente

Par un arrêt rendu en Chambre Mixte le 13 avril 2018, la Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, quant au sort du...
une main prend un immeuble pour indiquer la préemption

Fin (provisoire ?) du Droit de préemption de la commune

Lorsqu’un immeuble est divisé en lots pour être vendu, le locataire bénéficie d’un "droit de préemption" pour acheter le bien par rapport...

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise.

Il avait été licencié pour faute, la faute consistant en une atteinte à l’honneur de l’employeur et une dénonciation prétendûment calomnieuse (ce qui suppose, rappelons-le, que l’auteur de la dénonciation soit conscient de son caractère mensonger).

L’affaire

Le salarié était de bonne foi et les comportements dénoncés paraissaient litigieux.

La Cour de Cassation décide donc que « le fait pour un salarié de porter à la connaissance du procureur de la République des faits concernant l’entreprise qui lui paraissent anormaux, qu’ils soient au non susceptibles de qualification pénale, ne constitue pas en soi une faute » .

« le salarié avait informé le procureur de la République de ce que le directeur du centre avait tenté de se faire payer des salaires pour un travail qui n’avait pas été accompli et obtenu du président de l’association la signature d’un contrat de travail alors qu’il était dans le même temps administrateur de l’association, de tels faits étant susceptibles de constituer une escroquerie ou un détournement de fonds publics, et ensuite, que sa bonne foi ne pouvait être mise en doute , la cour d’appel, sans avoir à procéder à une recherche que ses constatations rendaient inopérante, en a exactement déduit que le salarié n’avait commis aucune faute en révélant les faits aux autorités judiciaires « .

Et Cour de Cassation considère, implicitement semble-t-il, que  la liberté de signaler des actes illicites au Procureur de la République constitue une modalité de la liberté d’expression des salariés dans l’entreprise et relève de l’art.10 de la convention Européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme.

A noter, en parallèle, un arrêt de la chambre criminelle (Cour de cassation, Chambre criminelle, 9 février 2016, 14-86.727) qui approuve la relaxe d’employés d’une compagnie aérienne alors que, de bonne foi, ils ont déclaré à la presse que la compagnie ne respectait pas les règles de sécurité. Selon eux, et sous la menace de licenciement, ils devaient exécuter des vols en infraction avec les règles de sécurité. La Cour juge qu’il n’y a pas diffamation car « les intimés ont justifié de circonstances particulières suffisantes pour établir leur bonne foi ».

Dans toutes ces décisions, le point central est la bonne foi du salarié, qui n’a pas procédé à une « dénonciation calomnieuse ».  L’essentiel est donc de ne dénoncer qu’en étant de bonne foi.

Ainsi le salarié qui dénonce son employeur pour harcèlement ne commet pas de faute sauf s’il est démontré que les faits étaient inexacts et qu’il le savait (Cour de cassation, Chambre sociale, 26 octobre 2017, 16-13.793)

La tendance se confirme avec un arrêt du 19 avril 2023 N°21-21053  de la Chambre Sociale en formation plénière, qui décide que le fait, pour un salarié, d’avoir écrit à la direction de l’entreprise pour dénoncer le comportement harcelant de son supérieur, ne constitue pas une faute justifiant son licenciement.

 « le salarié qui dénonce des faits de harcèlement moral ne peut être licencié pour ce motif, peu important qu’il n’ait pas qualifié lesdits faits de harcèlement moral lors de leur dénonciation, sauf mauvaise foi, laquelle ne peut résulter que de la connaissance par le salarié de la fausseté des faits qu’il dénonce ». 

Conclusion

Ce n’est donc que lorsque la dénonciation de son employeur par le salarié va revêtir toutes les caractéristiques d’une « dénonciation calomnieuse »  qu’elle constituera une faute. Dès lors que le salarié est de bonne foi, il peut dénoncer des agissements qui constitueraient une infraction, et il ne peut pas être licencié pour ce motif.

Rappelons que la bonne foi est présumée et que la mauvaise foi éventuelle du salarié devra être prouvée par l’employeur.

AARPI LEKTOS – Barreau de Paris

D’autres articles

un nounours d'enfant cassé. Des touffes de coton s'échappent du nounours.

L’indemnisation des jeunes victimes d’accidents graves : la perte de leurs revenus futurs

Lorsqu’une jeune victime ressort d’un accident grave avec de telles séquelles qu’elle ne pourra jamais exercer la profession à laquelle...
une main couverte d'un gant noir essaie de voler une voiture rouge

Vol de véhicule et refus d’indemnisation

Votre véhicule a été volé ? Veillez à bien rédiger votre déclaration de sinistre ! car l’assurance peut refuser de vous indemniser …

une photo avec une infrastructure en forme d'oeil symbolisant la surveillance

Licenciement pour faute grave : une preuve illicite admise

Un enregistrement sonore réalisé par l’employeur à l’insu du salarié est-il une preuve valable pour justifier le licenciement pour faute grave ? La Cour de Cassation répond OUI

Peinture de la scène du Tonneau des Danaïdes

La location financière ou le tonneau des Danaïdes….

Vous êtes artisan, commerçant, profession libérale, PME et vous avez des besoins en équipements bureautiques, informatiques,...
un salarié dénonce son employeur et brandit l'affiche "Inspecteur du travail"

Le salarié ne commet pas de faute en dénonçant son employeur

Un salarié avait dénoncé au Procureur de la République l’existence d’heures de travail fictives dans l’entreprise. Il avait été licencié...
Les possibilités du crédit-bail : immobilier, voiture etc...

Le crédit-bail est caduc en cas de résolution de la vente

Par un arrêt rendu en Chambre Mixte le 13 avril 2018, la Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, quant au sort du...
une main prend un immeuble pour indiquer la préemption

Fin (provisoire ?) du Droit de préemption de la commune

Lorsqu’un immeuble est divisé en lots pour être vendu, le locataire bénéficie d’un "droit de préemption" pour acheter le bien par rapport...
médecin libéral en blouse blanche

Les médecins libéraux et la fiscalité : Comment tirer parti des changements récents

Jusqu’à l’année 2022 (année de revenus), les médecins non adhérents à une association de gestion agréée (AGA) étaient pénalisés par une...
Un ouvrier victime d'un accident du travail, au sol, avec deux autres ouvriers qui lui donnent les premiers secours.

Une Révolution pour les Victimes d’Accidents du Travail

Les victimes d’accident du travail qui bénéficient d’une rente de la Caisse d’assurance maladie vont enfin pouvoir percevoir leur indemnité au titre du déficit fonctionnel permanent sans que celle-ci soit entamée, voire anéantie, par la Caisse.

Deux hommes associés à égalité se confrontent. L'un pointe un index menaçant vers l'autre. La discussion semble tendue.

Abus d’égalité – Quand un associé « abuse » dans une société à 50/50

Dans une société à 50/50, il suffit qu’un des deux associés égalitaires vote contre une décision, et il y fait échec. Il a ainsi le pouvoir de bloquer toutes les décisions même les plus ordinaires ….. Mais un droit ne devrait jamais dégénérer en abus.

Illustration au second degré : une statue de Bouddha pour symboliser la patience (une procédure de 10 ans), sur un ciel nuageux pour symboliser le côté ambivalent des décisions de justice, et la déception parfois, même si on reste zen !

Licenciement, ancienneté et calcul de l’indemnité de licenciement

10 ans de procédure pour faire juger par la Cour d’Appel de Paris qu’une convention collective est contraire à la Directive européenne CE 2000/78 et que ses dispositions sur le calcul de l’indemnité de licenciement devaient donc être écartées ….

Spectacles, festivals et Covid-19 : la question de l’assurance

Le secteur des spectacles et des festivals est (avec celui de la restauration) l’un des secteurs qui ont été frappés le plus durement par le COVID-19. Quid des assurances ?

Aller au contenu principal